dimanche 3 janvier 2010

ces magazines nautiques qui nous font rêver

Chronique d'un lecteur de magazines nautiques.

Lecteur assidu des magazines nautiques depuis plus de quarante ans, je ne peux m'empêcher, en ce début d'année 2010, de me livrer à une analyse toute personnelle de mes dernières lectures.
J'ai acheté en kiosque mes revues de référence qui sont:
Voiles & Voilier (n°467), Voile magazine (n° 169), Moteur Boat (n° 241), Neptune Yachting (n° 165) et mon préféré: Mer & Bateaux (n° 172).

Les présentations étant faites, entrons dans le vif du sujet. Nous savons que ces revues s'adressent à un large et vaste public d'amoureux des bateaux, plaisanciers propriétaires ou non de navire.

Mon dentiste est un voileux et la salle d'attende de son cabinet de tortures regorge de numéros annotés et déchirés de "Voiles & Voiliers" datant d'au moins un an. D'autre part, je sais que mon cardiologue est un passionné de motonautisme et de plongé sous-marine car chez lui, les tableaux au mur, les photos et les revues trainant sur le guéridon de sa salle d'attente sont là pour trahir sa passion. Curieusement, ces notables savent cacher leurs vices, protéger la dignité de leur charge et tenir leur rang social en ne jetant pas en pâture à leur clientèle des revues plus compromettantes comme, "Penthouse", "PlayBoy" ou pire, "La Tribune Economique".

Donc, ces revues sont là pour nous informer mais, surtout, pour nous faire rêver.
Mais les intentions des plumitifs qui les rédigent ne sont pas innocentes. Il faut bien vivre et vendre du papier pour assurer les fins de mois, subvenir à la famille et essayer de faire face à la pression fiscale française qui n'a pas de crise d'essoufflement. Je ne parlerai pas du nombre des pages de publicités qui fluctue en fonction des saisons et de l'efficacité des responsables de la "coordination et publication publicité", sachant que les budgets varient en fonction des tirages et donc du nombre de lecteurs, à savoir: nous ! Mais… le lecteur avisé, qui n'est pas un imbécile, comprendra que cette débauche de papier glacé, d'encres offset, pour mettre en valeur des photos en couleurs et des articles ressemblant plus à de la publicité rédactionnelle qu'à un vrai travail de journaliste n'existe que par le bon vouloir de groupes financiers ayant investis dans les médias dans le seul but de profiter de notre argent.

Revenons à mes lectures.
"Mer & Bateau" ne me déçoit jamais, car il parle d'un monde totalement inaccessible au commun des mortels. Tout au long de ses pages s'étalent le luxe (avec plus ou moins de bon goût), la beauté et l'esprit d'élégance de ces milliardaires qui redonnent vie à de superbes voiliers de la Belle Epoque.

Le dernier numéro de "Moteur Boat" (n° 241) a tout particulièrement retenu mon attention.
Il propose les essais de deux petits bateaux à moteur confirmant la tendance actuelle.
Les petits "Timoniers génération croisière" avec les nouveaux Merry Fisher 645 (Jeanneau) et B2 Marine Cap Ferret 720TC. Vous savez déjà que j'ai un faible pour le chantier bordelais de B2 Marine dont toute la production est totalement française réalisée en France. Chopin et sa Polonaise n'ont rien à faire dans cette histoire de coque en pâte synthétique.

Mon bateau "Jack II", un Cap Ferret 6.50 open, sort de ce chantier et j'avoue que c'est un bon petit bateau correspondant à un programme de sortie à la journée. Comme me l'a dit un commercial d'un chantier concurrent, rencontré au Nautic de Paris: "Si vous n'envisagez pas de changer de programme de navigation, ne changez pas de bateau. Vous ne ferez rien de plus avec un autre de la même taille."
Les vendeurs de bateaux ne sont pas tous des margoulins et beaucoup sont d'abord des gens de mer ayant une conscience professionnelle qu'il faut savoir reconnaître.

Premier essai, le B2 Marine Cap Ferret 720TC qui n'a pu faire que l'objet d'un essai de navigation sur les eaux du lac d'Hourtin. Grosse déception en lisant que le niveau de finition n'est pas à la hauteur du prix. Ce que j'avais fait remarquer au vendeur sur le stand du Nautic à Paris. Tout comme le manque de visibilité vers l'avant, pour les grands gabarits (comme moi) au poste de pilotage. La casquette de timonerie est trop plongeante. Mes doutes sur la sécurité en mer des déplacements vers l'avant par les passavants peu profonds et étroits sont confirmés par les essayeurs de M.B. Le coup de grâce vient de l'observation faite sur la gîte prise en cas de déplacements latéraux de l'équipage. Si ça bouge sur un lac, qu'en serra t il en mer au mouillage forain par vent de travers ou clapot prononcé ?
Le Merry Fisher 645 semble plus séduisant. Mais nous restons dans un programme de navigation à la journée et la timonerie n'apporte rien, bien au contraire, à la joie de naviguer sous le soleil de notre Méditerranée.

Je passe, rapidement, les 26 pages consacrées à "ce qu'il fallait voir au Nautic".
Je remarque que "Voile magazine" titre en couverture "Ce qu'il fallait voir au Salon de Paris" …
Les journalistes manquent d'imagination, de références littéraires ou font de la "pige" d'un éditeur à l'autre ? La question reste posée.

Les semi-rigides ne sont pas de vrais bateaux pour moi. Je tourne. Suivent 9 pages consacrées aux "nouveautés équipement pour peaufiner votre bateau". Un catalogue publicitaire où Platismo se paie la part du lion.

Enfin arrive, page 88, le reportage "devenir propriétaire". Histoire banale d'un couple de "travailleurs actifs" anciens voileux qui rêvaient de s'acheter leur premier bateau à moteur. Pas n'importe lequel.
Un Rhéa 850 Timonier de 9,75m pour un budget de 270.000 euros. Il est évident que cet article est une "publicité rédactionnelle" vantant la production de ce chantier rochellois. Il se trouve dans le texte, si vous savez lire entre les lignes, quelques informations importantes.

Le choix initial de ces plaisanciers était un Grand Banks 42 Classic d'occasion. Trop cher !
Mais le Grand Banks tient bien la cote et se revend bien.
Donc va pour le Rhéa 850.
Que lis-je ? à la première sortie les deux moteurs tombent en panne à cause de bactéries contenues dans le carburant. Refuelling de gasoil fait au Canet… Coût de l'opération = 4.500 euros ! pour le rinçage complet du réservoir et le changement des durites, sur un bateau neuf. Le chantier n'avait pas équipé le bateau d'un filtre magnétique… C'est la faute du plaisancier. Cochon de payant !

Moralité de l'histoire : le motonautisme n'est pas à la portée de toutes les bourses. Bien souvent, les chantiers actifs sur ce marché ne respectent pas les clients. Il vaut mieux faire comme le sympathique Aron Meder, se contenter d'un simple petit voilier de 19 pieds qui lui a permis de faire le tour du monde à la voile en trois ans comme le raconte "Voiles & Voiliers" dans son dernier numéro.

Alors, me direz-vous, pourquoi suis-je tenté par l'achat d'un plus grand bateau à moteur ?
Là est bien la question.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire